Une bonne bouffée d'air!

[Gildas]

Sachant que quelques personnes de l'apnée suivent mon modeste parcours sportifs je me permet de partager ici le récit de mon premier Marathon. Un grand moment, c'est vraiment un truc à faire.


Le lendemain du marathon: "Mais qu’est ce qu’il est bas ce lit !"


Rendez vous samedi matin chez notre bon vieux Gerbox à 10h30. Arrivées conjointes de JLBD accompagnée de Lucile et moi à 10h45. Ouf, personne ne râlera pour le retard !
Nous partons dans la Gerbox mobile pour Marseille, je me suis engagé sur le marathon, JLBD sur le semi et Gerbox est malheureusement forfait sur le semi, la cause à des soucis de genoux dont nous espérons qu’ils passent rapidement.
Arrivé à Massilia, nous allons récupérer nos dossards. L’efficacité de l’organisation est redoutable. Alors que nous nous attendons à patienter dans d’interminables files d’attentes, en 3’ nous avons récupéré notre dossard, le t-shirt et activé la puce.
Prise des chambres à l’hôtel ou nous retrouvons Nico4, sa femme et des amis à lui, petit tour sur la plage du Prado.
Petit restau sympa le soir, je ne sacrifie pas à la coutume locale du Ricard. Nous décidons de ne pas faire confiance à la technologie et désactivons tous le changement automatique de l’heure. Retour hôtel pour une courte nuit, le petit déj est à 5h30 et la navette qui nous emmène au métro à 6h30.
Une fois réveillé, nous trouvons une sale de restauration vide. Nous commençons à nous servir et demandons au personnel quelle est l’heure réelle. « Il est 4h50 ! ». Damned, malgré la désactivation de la mise à jour auto, celle-ci s’est quand même faite et nous nous sommes levés 1h trop tôt. On s’attend à se faire chambrer par les copains, mais on se rendra compte un peu plus tard qu’il leur est arrivé la même mésaventure. Il faut parfois faire confiance à la technologie.

Un petit coup de Gerbox mobile, un petit coup de métro pour les coureurs. Gerbox prend son VTT, il essaiera de nous suivre sur la course. Nous y voilà, le vieux port, la mer, la foule de coureur. Petit échauffement sur le vieux port, quelques Marseillais râlent parce que pour une fois ce n’est pas une sardine qui bloque le vieux port mais une course d’athlétisme. On baigne directement dans l’atmosphère de cette ville magnifique qu’il faut prendre le temps de comprendre, c’est un sacré bordel quand même cette ville.
Mon objectif est de courir en 4’25/km. Ce qui sans faiblesse amène à un temps de 3h07, mais en content un peu de gras doit raisonnablement donner 3h15.
Je rejoins le sas de départ ou je retrouve Fred Golgote. Sa stratégie est différente de la mienne, il part sur les bases de 3h pour se garder un maximum de marge. Nous visons sensiblement le même temps à l’arrivé.
8h40 : le départ est donné sur la canebière Ca part doucement, on double comme on peut les athlètes qui se sont glissés dans le sas des gens censés courir en 3h et qui courent déjà sur les bases de 6h, ils font chier tout le monde quoi. Ca descend, j’ai du mal à trouver mes sensations et ma foulée. Tant pis, on va partir plus prudemment que prévu et on verra pour accélérer après. Je pars donc sur des bases en 4’30-4’35. Au bout de 5km, une raideur sous le pied gauche ne vient pas embellir les sensations. Au km 10, mon quadri gauche tire déjà. C’est pas grave, il ne reste déjà plus que 32km. Je décide de lutter à la faveur d’une ligne droite de 7km, je retrouve des sensations et reprend le rythme des 4’25 au km. Le meneur d’allure du 3h15 se rapproche, je le dépasse au km 14 et espère bien ne plus le revoir. Mes cuisses chauffent depuis un moment, je n’ai pas l’impression que courir 10sec moins vite par km les aideraient à aller mieux. Je m’accroche. Km 18 j’ai les quadris qui tirent des deux côtés. Je repense à mon semi qui s’était bien mieux passé en courant plus vite. Je regarde le GPS, je m’accroche. Difficile d’ailleurs de se fier au GPS dans une ville, à cause des bâtiments l’allure varie sans cesse entre 4 et 5’/km, c’est une dispersion phénoménale. Km21, c’est bon mon grand, t’as fait la moitié. J’ai les jambes explosées comme j’ai jamais eu et je repense à JLBD qui m’expliquais la veille que si j’avais mal aux jambes au km35 c’était gagné, si c’était au km30 ce serait très dur. En terme de douleur, Je n’ai que 10km d’avance sur ces pires prévisions, tout va bien. Je retrouve Gerbox sur son vélo vers le km26, nous sommes sur la corniche. La vue d’ici est magnifique, j’avais vraiment hâte de courir à cet endroit. Autant j’avais profité du paysage à St Priest, autant à Marseille, je n’ai réussi à regarder ce qui se passait autour qu’une fois ou deux, sans apprécier le moment. Décidemment, les sensations et le plaisir ne sont pas là aujourd’hui. La descente sur le vieux port me tétanise les jambes, je commence à sentir mes rotules bouger dans les genoux. Passage au km 32, allez courage, plus qu’un petit 10km. J’arrive encore à tenir à peu près l’allure, vient une petite montée qui va nous achever, les coureurs autours de moi en sont au même point, on prend tous un éclat. Vers le km35, le meneur d’allure 3h15 repasse, et le moral en prend un gros coup. Sans suis une petite montée qui détruira l’énergie qu’il me reste, je commence à cramper derrière la cuisse gauche. Gerbox est là pour m’encourager, quand il est là je voudrais qu’il parte et quand il part je voudrais qu’il soit là. Ca devient dur. Km37, je m’autorise à marcher à l’épongeage. Le redémarrage est pire que si je m’étais pas arrêté, je me met en mode retour maison, tant pis pour l’allure de toute façon mes jambes ne me permettent pas de faire mieux que 6’/km. On traverse ensuite une zone portuaire, longue ligne droite sans un arbre en plein cagnard. Ca tire trop, je marche un peu, puis repart en footing lorsque juste avant le km 40, une belle crampe derrière la cuisse droite m’arrête net. J’essai d’étirer gentiment et c’est le devant de la cuisse qui se contracte instantanément. Ca va pas être facile, mais je suis à 2km de l’arrivée, je ne peux pas abandonner ce serait vraiment trop con. Un gars vraiment sympa s’arrête et me demande si je veux qu’on termine ensemble. Il a l’air plus frais que moi, je lui conseille donc de terminer sa course sans moi. Je marche jusqu’au ravito, bois deux verres d’eau, prend un peu de temps puis me remet en route. J’arrive sur le vieux port, j’ai pas l’impression d’avoir déjà couru 1.5km, je suis méfiant et me demande si il n’y pas une petite boucle à effectuer. Je revois le gars qui m’avait aidé arrêté au bord de la route, cette fois c’est moi qui le relance, nous courons 300M ensemble et Gerbox m’informe que la ligne est là à 200M. Enfin, j’accélère un peu, les gens sont là, ils applaudissent. Je leur fais bien comprendre que je n’entends rien, les applaudissements redoublent, au moment de passer la ligne une belle crampe revient mais ça n’a plus d’importance. J’y suis, c’est fait. On me remet ma médaille de finisher et alors que je me dirige vers le ravito, je suis surpris d’un léger sanglot. C’est rarissime pour moi, je comprends tout à coup que j’ai vécu des émotions jamais atteinte.
L’après marathon, c’est rigolo. On voudrait s’assoir au sol, mais on se rend vite compte que si on le fait on ne se relèvera pas, on voudrait marcher mais les jambes font ce qu’elles veulent. Le contrôle neuromusculaire est très approximatif, moi ça m’éclate ! Je trouve un muret pour m’adosser quelques instants. Gerbox me propose d’avancer la voiture, mais il reviendra rapidement, tout est bloqué, il vaut mieux que je prenne le métro.
Le métro du retour mérite son chapitre. Arrivé devant la station d’entrée « Merde des escaliers ». J’essai de descendre deux marches normalement, c’est vraiment trop dur. J’essai en marche arrière, c’est dur mais largement faisable. Je descends donc de manière adaptée les marches en faisant rire les passants et en faisant des envieux chez les marathoniens qui ne veulent pas s’abaisser à adapter leur démarche. Enfin dans un escalier, on se retrouvera à 5 en marche arrière, c’était excellent. Le métro Marseillais, on sait quand il arrive, par contre on sait pas trop quand il part, on a attendu 10 à un moment sans raison apparente. Enfin c’est Marseille, c’est le bordel. Reste plus qu’à sortir de la station et par chance les escalators fonctionnent à la montée.
Je retrouve Gerbox qui avait fait le trajet en vélo et veut me faire courir mais n’y arrive pas, nous rentrons à l’Hôtel, grosse douche, j’ai pas senti aussi mauvais des pieds depuis au moins 30 ans. On profite de la plage du Prado l’après midi, de la sandwicherie aussi. Puis retour sur Gre. Je ne vous raconte pas le calvère pour marcher après 1h de voiture en position assise.

Si je devais débriefer ma préparation et dire ce qui n’a pas fonctionné sur la fin, je dirais que je n’en sais trop rien. Je n’ai certainement par suffisamment pris le temps de récupérer après le semi-marathon. Mon gros rhum une semaine avant la course n’a surement pas arrangé les choses. J’ai aussi eu des périostites. Préparation un peu longue peut être ? Manque de VMA, perte de tonus musculaire ?
En terme de douleur, je n’ai jamais mal aux cuisses quand je cours et j’ai toujours les mollets raides. Hier ca a été l’inverse.
Je me dis pourtant que la préparation semblait bonne et que le jour ou je vais remettre ça, je fonctionnerai certainement de manière similaire en visant le même temps.

Un gros merci à Gerbox qui nous a accompagné sans courir. Sur le retour hier, j’étais trop content de te voir au volant. Merci à coach Jean-Marc pour la qualité de la préparation, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir. Et merci à mon ostéo Fred Aroun pour ces précieux conseils depuis de nombreuses années, qui m’évitent outre le fait d’aller mieux, d’aller le voir moins souvent.

24heures plus tard. Si je m’accroupis, je me relève toujours pas. J’ai d’ailleurs failli pas pouvoir sortir du lit ce matin.


Au niveau résultat, ça donne 174è/950 arrivant en 3h26’20’’ pour moi,
Fred GAUTIER 148/950 en 3h22’49’’

Sur le semi,
JLBD 309/2068 en 1h37’32 avec une préparation fortement ébréchée
Nico4 407/2068 en 1h40’40

[JeanPhi]

Félicitations à toi Gildas! A mon sens, un 1er marathon en moins de 3h30min, ça me parait vraiment bien comme résultat!!!
Ton CR est génial (comme d'hab) et m'a bien fait revivre ta galère... Phil dirait sûrement qu'il y a quelques fautes d'orthographe (content => comptant)!

Je sens que notre Fredo va avoir du boulot... Bonne récup, l'important c'est l'hydratation !

[David]

Chapeau l'artiste!!!!!!

[Stéphane]

Ouah, une belle aventure humaine ! Que ça continue, à quand le prochain?

[Phil]

Non, j'ai même pas prêté attention à ça car j'étais bien absorbé par le récit
On s'y croirait, et j'avais même mal pour toi Gildas En tout cas bravo pour ta perf sur ce premier Marathon ! !

Oui c'est clair, je pense que le lobby des ostéopathes fait pression sur les fabricants de matos de course à pied pour y programmer des défaillances volontaires qui garantiront le remplissage de leur salle d'attente . . . ou pas

[Gildas]

Merci à tous pour vos encouragements. Les cuisses vont beaucoup mieux.
Maintenant j'ai quelques triathlons pour me préparer. Et le 08/07 sera la grosse épreuve de l'année avec l'Iron Man de Roth.
J'ai surtout un gros paquet d'heures d'entraînement à ingurgiter et à digérer.

[fred]

Merci pour ce CR.
A tes 10kms j'ai ressenti une gène au tendon d'achille droit qui s'est vite estompée
a tes 25 kms,une oppression au niveau du plexus solaire,un peu de stress peut-être?
a tes 35 kms,envie de vomir,sueur froide...putain il va pas abandonner!
a tes 40 kms,de l'euphorie...il va le faire!
a l'arrivée,j'étais en sueur mais tu l'as fait...'jen peux plus!
Bizarre,en me levant de ma chaise,pas une contracture,pas fatigué,je dois être plus en forme que toi,non?
Bravo et merci pour ton petit mot à la fin...

Phil,la prochaine fois tu te taperas Eybens-la Mure à vélo!et viva l'ostéopathie,non mais!

[Gildas]

Phil,la prochaine fois tu te taperas Eybens-la Mure à vélo!et viva l'ostéopathie,non mais!

En courant!

C'est presque ça Fred. Mais j'avais tellement de mal à courir à 40km que c'est là que tu doutes de tes capacités réelles à terminer. Avant c'était long, mais c'était pas pire.